dimanche 25 janvier 2015

Des noeuds d'acier de Sandrine Collette


En décembre dernier, j’ai eu la chance de signer aux côtés de Sandrine Collette au salon du polar de Montigny les Cormeilles (elle était sélectionnée pour le prix éponyme remporté par Reflex de Maud Mayeras –qu’il faut vraiment que je lise !). Je l’avais déjà croisée à la remise du Prix du Balai d’Or organisé par le fameux Concierge Masqué dans la bibliothèque Parmentier, Paris onzième. Elle avait reçu à cette occasion un mérité Balai de Bronze pour son roman, déjà Grand Prix de la Littérature Policière 2013 soit dit en passant.
Un peu impressionné, j’ai mis quelques temps à engager la conversation, d’autant plus que Sandrine semblait faire partie des taiseuses, pas du genre à vous raconter sa vie au bout de cinq minutes. Néanmoins, les présentations faites, la glace rompue, nous nous sommes bien amusés, Hervé Commère –qu’il faut absolument que je lise !- se joignant à nous pour quelques déconnades (dont l’histoire du serveur et de son sexe à tout faire qui nous a pas mal occupés). Au fur et à mesure que la journée avançait, je fus frappé par la quantité non négligeable de lecteurs venant interpeller Sandrine au sujet de son premier roman : « Oh, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout ! », « Il faut avoir le cœur bien accroché », « Dites moi, c’est du lourd votre truc… »…
Ces critiques semblaient combler Sandrine de joie qui acquiesçait sans s’excuser, un petit sourire malicieux en coin. Quant à moi, ces témoignages de lecteurs tourneboulés m’intriguaient. Tant et si bien que, la semaine suivante, je suis allé acheter Des Nœuds d’Acier… Voici ce que j’en ai pensé…
Théo Béranger sort de prison. Il vient d’y croupir un petit moment pour avoir massacré la gueule de son grand frère Max qui a eu la mauvaise idée de coucher avec sa femme. La faute à pas de bol, son frangin reste tétraplégique à la suite de cette explication musclée. Conséquence, séjour à l’ombre. Théo, qui a la rancune tenace, ne peut pas s’empêcher, dès sa sortie de taule, de venir « taquiner » son frère, cloué ad vitam æternam, sur son lit d’hôpital, et ce, bien qu’il n’en ait pas le droit. Du coup, alarme, flic et Théo de prendre la fuite. Il décide de se mettre au vert et roule jusqu’à… On ne sait pas. Ce que l’on sait, c’est que le gite où il échoue est au milieu d’une forêt touffue. La densité des arbres au kilomètre carré y est importante, inversement proportionnelle à celle des habitants sur la même surface. C’est  ce que l’on appelle un trou du cul du monde.
 C’est là que, au détour d’une de ses randos, il tombe nez à nez avec un vieil autochtone bourru. Du genre araignée. Le piège se referme. Coup derrière le crâne. KO. Quand il se réveille, il est attaché sur une paillasse à côté d’un homme blessé. Ce dernier lui apprend qu’il est devenu le nouvel esclave du vieillard et de son frère. Of course, Théo refuse de se soumettre mais les deux vieux se chargeront de le faire plier.

Dès lors, le lecteur a compris de quoi il retournait : on va suivre Théo, assister à sa déchéance en attendant qu’il trouve le moyen de se sortir de ce guêpier rural. Comme l’annonce la quatrième de couverture sur l’édition de Poche, il s’agit d’un captivity thriller. Dénouement attendu donc. Et ça marche ! On tourne les pages, de plus en plus vite, car on veut savoir. Des nœuds d’acier devient un page turner !
Mais c’est là, je trouve, le défaut de sa qualité.
Le roman est un peu trop long à mon goût. Certains passages auraient mérité d’être abrégés, voire supprimés pour rendre l’histoire plus tendue encore, plus étouffante. Ainsi, le moment où le héros parvient à s’enfuir, pour être finalement repris par un voisin, ne me semblait pas nécessaire, a fortiori parce qu’il n’est pas très crédible (le fuyard tombe sur la seule personne dans la région qui est de mèche avec ses geôliers). J’avoue avoir donc lu en diagonale quelques pages qui ne faisaient, à mon humble avis, que « diluer » l’action. Des digressions qui freinaient l’histoire sans lui apporter d’épaisseur.
Ceci étant, c’est un très bon roman qui a le mérite de maintenir le suspens sans coup de fusil, sans goutte de sang, sans (ou si peu) de violence. C’est un roman qui se dévore, ce que j’ai fait en un peu moins de trois heures.
Bien vu Sandrine.

mercredi 21 janvier 2015

En lice pour le Prix du Premier Roman Policier de Lens


J'apprends aujourd'hui dans un article de la Voix du Nord du 19 janvier, que le Jeu de l'assassin a été sélectionné par un jury de 18 lecteurs pour faire partie des quatre finalistes qui concourront pour le Prix du Premier Roman Policier de Lens



Moi, je dis, cool ! Le jeu de l'assassin sera-t-il promu ou est-il condamné à rester le Poulidor des polars 2014 (après avoir échoué au Prix du Quai des Orfèvres et au prix du balai de la Découverte) ? Réponse à l'occasion du salon de Lens les 20 et 21 mars !

Voici les 3 autres finalistes (et il y a du lourd :-)) :




mardi 20 janvier 2015

Silencieuse et Perfide


Le 10 février sort un recueil de nouvelles aux éditions Fleur Sauvage intitulé Silencieuse et Perfide.  
14 auteurs se sont réunis pour écrire des histoires dont la trame de fond concerne la SEP. Tous les bénéfices seront entièrement remis à l’Association Française des Sclérosés en Plaques (AFSEP). 

Si je vous parle de cette belle initiative, c'est que j'ai été contacté pour écrire une nouvelle moi aussi qui n'a pas été retenue (elle devait être trop mauvaise ;-)). Mais peu importe... Le texte étant écrit, je vous le soumets, il vous donnera peut-être envie d'acheter Silencieuse et Perfide :-) pour soutenir ceux et celles touchées par cette maladie.







lundi 19 janvier 2015

Citoyens Clandestins de DOA


Citoyens clandestins de DOA (pseudo de l’auteur qui signifie Dead On Arrival – Mort à l’arrivée) est un pavé de 700 pages. Un roman tentaculaire aux personnages multiples dont les récits s’entrecroisent pour –grand classique du genre thriller- converger à la fin de l’ouvrage. L’histoire se construit donc à travers les points de vue des personnages principaux : Amel, la jeune journaliste maghrébine, mariée depuis peu ; Lynx, l’exécuteur des basses tâches, féru de musique et non dépourvu d’émotions, et Fennec, alias Karim, policier infiltré dans un réseau salafiste.
Ces trois là occupent une place à part dans la société qui les entoure, ce sont, chacun à leur façon, des clandestins : le Capitaine infiltré a bien du mal à ne pas perdre la raison, tiraillé entre les chefs du réseau djihadiste qu’il a intégré et ses supérieurs hiérarchiques, il n’a presque jamais l’occasion d’être lui-même. Lynx essaie de garder la tête froide à l’aide de la musique mais son statut de fantôme (une seule personne connaît son existence et son identité) lui pèse et il ne cesse de se demander s’il ne serait pas temps pour lui de tout laisser tomber. Amel enfin, tergiverse tout au long du roman: doit-elle se satisfaire de sa vie de femme mariée, un peu plan-plan mais tellement sûre et confortable ou doit-elle se bousculer, se mettre en péril pour apporter à sa vie ce sel qui lui fait défaut ? Pour appréhender le monde qui l’entoure et entrapercevoir la face cachée de l’iceberg ?

Autour de ces trois protagonistes gravitent une galerie de personnages plus ou moins glauques, imam radical, jeune banlieusard fanatique, dealers, flics de la PJ, des renseignements, journalistes véreux, militaires, paparazzi. Tous participent à cette histoire cruellement d’actualité. L’histoire ? Un réseau islamiste a mis la main sur un fut de dioxine (idéale pour la confection d’une arme chimique redoutable)  quelque part en Syrie et tente de mettre au point une attaque terroriste à Paris. On suit donc l’avancée de leur plan mais aussi tout ce qui est mis en oeuvre pour tenter de les arrêter. 
J’ai fini la lecture de ce roman le 5 janvier et, si je l’ai apprécié, ne l’aurai pas critiqué sans les tragiques évènements qui ont bousculé la France entière dernièrement. Incroyable comme cette histoire romanesque écrite en 2007, prix de littérature policière la même année, résonne de façon inquiétante après ces horribles attentats. Les parallèles pullulent entre fiction et réalité : ces intégristes, adeptes d’un djihad jusqu’au-boutiste, font froid dans le dos. Ces flics prêts à tout pour déjouer les futurs attentats sans toutefois mouiller le gouvernement (car l’arme est française !) sont effrayants.
DOA y évoque le mécanisme de radicalisation : ceux qui pensent avoir tout raté jusqu’alors (vie familiale, échec scolaire, passage par la case prison) trouvent enfin, dans cet idéal guerrier, une raison d’être. Ils découvrent qu’ils peuvent aussi être bons à quelque chose. Et ils s’accrochent donc subitement à exceller, tirant une fierté à être les seuls à comprendre l’Islam, à en appliquer rigoureusement les préceptes erronés qu’on leur a inculqués. Et ce jusqu’à l’absurde. Jusqu’à la mort.
DOA se penche aussi sur la guerre des Polices qui profite aux apprentis bombeurs pour passer entre les mailles des différents filets. Les renseignements obtenus sont gardés secrets, on ne divulgue rien ou si peu des enquêtes en cours. La coopération est un mot qui paraît ne pas exister. Ainsi, à deux ou trois reprises, le lecteur découvre, mi amusé mi déconfit, des filatures doubles voire triples. Des flics qui suivent des flics qui surveillent un flic infiltré !
Le roman paraît très bien renseigné (un lexique est d’ailleurs présent à la fin du livre pour s’y retrouver parmi tous les acronymes des différents services) Tellement qu’il est difficile de discerner le vrai du faux et cela est troublant. Roman ou documentaire ? Mais alors, combien d’attentats sont déjoués sur le sol français sans que nous ne le sachions ? Par quel biais ? Cette mésentente des services de Police est-elle factuelle ? Des armes de destruction massive peuvent-elles entrer en France « aussi facilement » ? Existent-ils des nettoyeurs, façon Léon, chargés d’éliminer des individus dangereux sans passer par la case Justice, à l’instar de Judge Dredd ?
Je ne me serai pas posé ces questions-là (ou pas en des termes si directs) avant l’attentat contre Charlie Hebdo, certaines me seraient même apparues stupides. Maintenant, les derniers jours apportent un éclairage différent sur ce roman, sur le terrorisme en particulier, et ces interrogations ne sont peut-être pas si débiles. Flippant. A lire.