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...pour Encres Vagabondes
Un cadavre est pendu au-dessus du boulevard périphérique. Le commissaire Bonfils, dépêché sur les lieux, croise le sourire ambigu d’un témoin. Quand il veut s’en approcher pour l’interroger, l’homme prend la fuite. Cette attitude incite le commissaire à le poursuivre dans ce décor insolite. Mais la course poursuite, quoique vertigineuse, se termine par un knock-out, le poing du fuyard n’est pas tendre.
C’est ainsi que débute l’affaire du Djihad Vert. Une vidéo, diffusée peu après, revendique ce crime. Une association écologiste "La Terre en colère" en est l’auteur. Elle a visé un dirigeant d’un groupe industriel qui, pour exploiter le bois, détruit les forêts tropicales : cent mille hectares en République Démocratique du Congo. Elle rappelle que l’urgence est à la décroissance mondiale « et cela passera par l’élimination de ceux qui s’y opposent. Industriels véreux, politiques corrompus, banquiers assoiffés de profits quelles qu’en soient les conséquences pour notre planète, tremblez ! En refusant de comprendre, vous devenez notre cible. Djihad Vert ! »
Perquisition dans le local de l’association La Terre en colère ; les deux plantons de service donnent une première piste qui mène à l’identité de l’auteur de la vidéo : Benoît Cachan, un ancien militant qui trouvait que l’association était trop molle, qu’il fallait agir davantage.
Perquisition aux domiciles de tous les Benoît Cachan de la région. Celui qui vit à Arcueil est le bon (Clin d’œil aux usagers du RER B). Il est absent mais sa mère fait entrer la police et le commissaire découvre, bien planqués, un ordinateur et une pochette pleine de tracts vegan et d’articles de journaux concernant des actions coup de poing de groupes écologistes.
Une fois les téléphones sur écoute, le commissaire peut suivre les conversations entre Benoît et sa mère. Benoît a rejoint une planque que les flics ont pu géo localiser en Auvergne et ils s’y rendent.
Un capitaine de gendarmerie les accompagne jusqu’à « la ferme des branleurs », comme il dit.
Douze jeunes, femmes et hommes, sont présents dans la ferme. Benoît Cachan n’est pas présent ni le treizième qui est allé chercher des clopes. Mais en quittant la ferme, une surprise attend les policiers.
Un deuxième pendu suivra, puis une troisième. Une liste des hommes et femmes à abattre sera publiée de quoi donner des cauchemars à une cinquantaine de gros bonnets, trop pour que la police puisse les protéger tous.
Ce polar est rondement mené et le lecteur ne peut qu’admirer la virtuosité du commissaire Bonfils pour déjouer les plus sordides manipulations dont la grande bourgeoisie est capable. On peut regretter que la piste du Djihad Vert pourtant annoncée (et préparée par le prologue qui montre une opération des Vegan contre les abattoirs de volailles) ne soit pas plus développée par la suite. Les entreprises les plus polluantes ou les moins respectueuses des ressources sur Terre sont bien listées mais aucune enquête n’est menée sur le pouvoir de ces entreprises, la corruption qu’elles entretiennent, leurs liens avec le pouvoir en France et dans les pays où elles pillent les ressources. Il y avait sans doute de belles horreurs à mettre scène…
J’ai apprécié que tous les acronymes utilisés par la police criminelle et les expressions de leur argot privé soient expliqués en bas de page. C’est pratique pour les débutants en littérature policière.
On lit avec plaisir ce polar efficace qui joue avec les codes habituels du genre : le flic érudit qui explique tout, le commissaire amoureux de la médecin légiste, la beurette révoltée… Encore un titre qui vient compléter avec bonheur le riche catalogue de Jigal.