mardi 20 mars 2018

La critique de Nicolas Elie sur la lettre et le peigne...




« Les romans, c’est comme les chocolats », disait Forrest, « Tu sais jamais sur quoi tu vas tomber ». Je sais, j’extrapole un peu. Pas sûr qu’il causait des bouquins, mais il me fallait une introduction souriante. 

Sur la couv, il y a écrit « polar ». Bon. C’est pas ma cam préférée, mais j’avais promis à M’sieur Barrellon de lire un de ses livres. Alors j’ai lu celui-ci. J’ai pas vraiment changé d’avis, les polars, c’est définitivement pas mon truc, mais finalement, me suis-je forintériosé, que demande-je à un roman ? (Oui, quand je me forintériorise, je me pose des questions existentielles.) 

 Me prendre par la main (en tout bien tout honneur) et me faire faire un bout de chemin en sa compagnie (C’est ma réponse à ma forintériorisation). 

Quand j’ai commencé ma lecture, je me suis pensé « Merdasse, encore un roman où on va ressasser l’histoire de l’homme, dans tout ce qu’elle a de plus dégueu », mais non. C’est juste un prétexte, même si le prétexte en question est quand même bien présent. L’histoire se passe en partie en Allemagne, ce pays où les noms des rues sont quasiment imprononçables (sauf si t’es germano-pratiquant, forcément), et où dès que l’auteur te met des phrases dans la langue, tu te demandes pourquoi le monde entier ne parle pas français, sans parler des noms des institutions… C’est un bémol. Quand je lis un roman, devoir me référer fréquemment aux notes de bas de pages, ça me prend un peu la tête, parce que ça casse le rythme de lecture. Pas grave, mais il était nécessaire que je ne sois pas que dithyrambique. 

 Donc, ça se passe en Allemagne et en France (là, ça va, je comprends la langue), entre 1945, 1953, et 2012. Je sais, ça fait beaucoup de périodes différentes, avec le risque que l’auteur te perde entre deux frontières, et entre deux espace-temps. C’est pas le cas. Il m’a pas perdu, mais je me suis accroché de toutes les forces de mes petits bras. L’histoire est étonnante, parfaitement maîtrisée en termes d’intrigue, et à aucun moment, je n’ai pensé reposer le roman, comme ça m’arrive dans certains cas (je donne pas de noms). À noter la qualité de l’écriture du garçon. Jolie langue, mots choisis, du bon boulot d’écriveur. Tu vas suivre l’histoire d’une famille à travers les trois périodes dont je t’ai parlé, l’histoire de ces secrets qu’on souhaiterait parfois bien gardés pour que la vie ne blesse personne, l’histoire de ces gens qui ont sacrifié ce qu’ils avaient pour permettre à leurs enfants de grandir. Une histoire de quête aussi, celle qui nous envoie sur les traces de ce que nous sommes, sur les traces de ceux qui nous portent sur leurs épaules pour nous permettre de respirer, sur les traces de ceux qu’on a parfois oubliés, comme s’ils étaient trop loin de nous, comme si le temps avait le pouvoir d’effacer notre histoire. 

 Alors bien sûr, il y a des flics dedans, des flics qui enquêtent, des flics qui font leur boulot de flics. 

 Alors bien sûr qu’il y a des méchants aussi. Des vrais, sans remords, sans pitié, et sans cerveau pour quelques-uns. Puis des méchants comme ceux que tu vois parfois, ceux qui ne sont motivés que par le pouvoir, ceux qui marchent sur la tête des petits pour faire croire qu’ils marchent sur l’eau… 

 Et le Bien, dans tout ça, tu vas me demander… 

 Y en a pas. Les théories dont Nils Barrellon va te causer, ce sont les mêmes que tu as pu entendre si t’es tombé sur une vidéo du nain de jardin méchant que les autres appellent Zemmour. Je dis les autres, parce que moi, je l’appelle pas. La dernière fois que je l’ai entendu, j’ai vomi, alors maintenant, je fais gaffe. La haine de l’autre, ça me fait toujours cet effet-là. Pour résumer (pas le roman, mon avis…), j’ai passé un vrai bon moment. Je me suis pas ennuyé une seconde, et la fin m’a fait sourire, parce que bon… En même temps, si tu lis l’autre type, celui du code de Vinci, ça va pas te surprendre… Te félicite pas, je t’ai envoyé sur une fausse piste. 

 Va le chercher, si t’as envie de passer un vrai bon moment de lecture, parce que ça va te permettre de ne pas oublier que des auteurs français qui font bien leur métier, y en a. 

 Nils Barrellon, c’est l’un d’entre eux.

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