...pour son blog Les lymbes des Maux
Le drame quand tu déménages, que tu
organises un salon du polar, que tu travailles dans une librairie, que
tu fais des bêta-lectures à droite & à gauche et que tu écris aussi
des trucs à droite et à gauche, c'est qu'il peut t'arriver de "paumer"
certains livres que tu devais lire. Et ce livre-là,
l'auteur en personne avait tenu à me l'envoyer lors de sa sortie, après
ma chronique mitigée de son précédent livre, La Position des tireurs couchés (paru chez Fleur Sauvage début 2016).
Autant
dire que la pression était lourde pour moi, parce qu'on n'aime pas dire
à un auteur sympathique comme Nils qu'on a pas été conquise. Parce
qu'écrire un livre, quel qu'il soit, ça demande un travail énorme, et
presque le sacrifice d'une partie de soi.
Hé ben je peux vous dire que je respire enfin après avoir terminé La Lettre et le peigne,
parce que je sais pourquoi je n'ai pas trop aimé l'avant-dernier :
c'était juste pas un thème qui me parlait. Et comme le style collait au
thème de ce livre-là... bah voilà !
Ici, bien au contraire, j'ai été happée par cette " petite histoire dans la grande " !(...)
Une fois n'est pas coutume je ne vais pas vous la faire à rallonge (la chronique, hein ! ).
L'essentiel
est dit ci-dessus. Une histoire de famille forte, tragique, dramatique
mais si belle et... ah bah putain ! On aborde la Seconde Guerre Mondiale
de l'autre côté, avec Anna, une berlinoise à moitié juive qui va vivre
un drame... mais au bout de celui-ci, un enfant, Josef, puis son
petit-fils, Jacob qu'on va suivre durant une bonne partie de ce livre.
Et entre les deux il y a cette étrange lettre, que Anna était censée
transmettre via un oncle à son fils. Sauf que la lettre s'est perdue, et
c'est Jacob qui va devoir s'y coller, peut-être aussi parce que sa vie
en dépend. Je n'en dis pas plus concernant le pitch, pas la peine.
Concernant le livre en lui-même, rien à voir avec La Position des tireurs couchés à part le commissaire Kuhn (personnage récurrent dans l'oeuvre de Nils Barrellon) qui fait une petite apparition.
Rien
que le style est super : clair, fluide, maîtrisé, au service de
l'intrigue, et quelle intrigue ! Un récit énormément documenté, et des
flashbacks ainsi qu'une reconstitution historique restitués à merveille !
L'intrigue va en partie se concentrer sur une enquêtrice allemande, la
capitaine Hoffer, et on en apprend beaucoup sur les procédures d'enquête
allemandes, bien différentes des nôtres. Historiquement, c'est aussi
une grosse claque : la seconde guerre mondiale vue du côté allemand,
comme la prise de Berlin par les Alliés, la terreur qu'ont vécu les
allemands à moment-là, mais c'est aussi la Guerre Froide plus tard, avec
son mur et ses deux Allemagnes. J'ai vraiment adoré ces précisions
historiques et ces reconstitutions très véridiques.
Bon,
et puis THE sujet central du livre, ce sont les nazis. Parce que le
peigne... c'est pas n'importe quel peigne. Et si Jacob a la mort aux
trousses, ce n'est pas qu'à cause de ses origines juives. Des membres
d'un groupuscule d'extrême droite très violent lui courent après,
commandités par un obscur personnage dont j'aurais toutefois aimé en
apprendre plus. Mais peut-être qu'il y aura une suite à ce sujet ?
Vous
l'aurez compris, je m'auto-censure pour ne pas trop en dire car je ne
m'attendais vraiment pas à ça ! J'avoue que la 4ème de couv' dévoilait
beaucoup de choses, je me demandais donc comment tout cela allait bien
pouvoir s'imbriquer. Eh bien l'auteur parvient à tisser un remarquable
polar historique dans lequel le spectateur ne s'ennuie à aucun moment !
Et il y a de la matière à une adaptation cinématographique tant Le peine et la lettre
est rythmé, profond et sa fin vous laissera sur le cul... une
extrapolation avec la "Grande" histoire (tout du moins l'officielle) qui
fait réfléchir et s'interroger sur ses Alliés qui nous ont peut-être
caché des choses, qui sait...
Enfin,
je me suis attachée à ces personnages. Anna m'a fait vibrer dans les
ruines de Berlin avec ces Russes inquiétants, et puis même avant, dans
l'enfer du Lager... J'ai eu peur pour Jacob, ce musicien qui se prend un
beau jour le ciel sur la tête et qui doit fuir, se cacher pour rester
en vie et tenter de découvrir l'incroyable vérité. J'ai aimé la froide
et touchante Hoffer, de même que les personnages secondaires qui ne sont
pas en reste. Et puis le tandem des deux connards qui pourchassent
Jacob, drôle (genre Laurel & Hardy) mais ô combien fous à lier !
MA NOTE : 5 / 5
->
UN POLAR SURPRENANT QUI MÉLANGE UNE HISTOIRE FAMILIALE DRAMATIQUE DANS
LA GRANDE HISTOIRE ! FORT, VIBRANT, EXTRÊMEMENT BIEN RECONSTITUÉ,
ÉNERGIQUE, RYTHMÉ, ÉMOUVANT, CHOQUANT, TOUT EST RÉUNI POUR VOUS FAIRE
PASSER UN MOMENT INOUBLIABLE !
Vous l'aurez compris, j'ai énormément apprécié La Lettre et le peigne.
Sa construction en courts chapitres qui alternent les différents
protagonistes & les nombreux flashbacks font que le lecteur est
ferré d'emblée.
Les
nombreuses références historiques & judiciaires sont très bien
imbriquées dans l'intrigue, ce qui fait qu'on y est et qu'on ne s'ennuie
pas (ce qui peut parfois être le risque lorsqu'on verse trop dans la
reconstitution). On a plaisir à suivre certains personnages et à tenter
de deviner là où veut nous emmener l'auteur.
Il
y a eu des rebondissements qui m'ont laissée sur le fondement... on ne
les voit pas du tout arriver. Même trash pour certains, à tel point que
j'ai eu envie d'envoyer le livre faire un petit vol plané (mais je l'ai
pas fait, hein !).
Ah
! Je pourrais vous en dire tellement plus... que c'est frustrant ! Nils
Barrellon a brillamment réussi à m'endormir pour qu'on ne devine pas le
pourquoi du comment ! Ah là là ! C'est retors et tordu, mais plus que
bienvenu ! C'est en plus cohérent et plausible, et à la fin, ça nous
fait réfléchir. Tout ce qu'on ne nous dit pas, tout ce dont on a eu vent
après la fin de la guerre... bref, un livre comme je les aime !
Bravo Nils, c'est un carton plein pour moi !
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