...pour son blog Lectures
Le poids du passé
Le peigne… il est volé dans les réserves
d’un musée en Allemagne par deux personnes cagoulées aux méthodes
expéditives qui tuent un gardien au passage.
La lettre… écrite par Anna pour son fils,
remise à son cousin Heinrich, elle a traversé un demi-siècle avant que
Jacob se lance à sa recherche de Berlin à Paris et jusque dans l’ouest
de la France.
De l’ascension d’Hitler aux camps de la
mort, du nazisme d’hier au nazisme d’aujourd’hui, de la montée en
puissance des haines des races soi-disant inférieures d’hier aux haines
raciales contemporaines, les croyances nauséabondes de certains n’ont
pas beaucoup évolué. Nils Barrellon fait ainsi le lien entre les peurs
du passé et celles émergentes d’un présent où le rejet et la haine
retrouveraient des lettres de noblesse qui pourraient les ramener au
pouvoir.
Alors, oui, on pourrait critiquer les
partis pris historiques de Nils Barrellon et les différentes filiations
qu’il crée entre les personnages du passé et ceux du présent, mais cela
n’enlève rien à la qualité de son récit. C’est avec une certaine
habileté qu’il entremêle passé et présent dans une histoire dans
laquelle le lecteur est invité à s’immiscer aux côtés de Jacob.
Ce dernier part sur les traces de son
père et de sa grand-mère, tous deux pris dans le tourbillon de la
Seconde Guerre Mondiale. La lettre qu’il parvient finalement à localiser
et à lire ne fera que conforter le lecteur dans ce qu’il pensait être
la clef de voûte du récit. Pour une fois que je ne me serai pas trompé
en essayant de deviner où l’auteur veut m’amener…
Nils Barrellon tient bien le fil de ses
différentes époques : 1945-1953 avec Anna, les années 60 avec Josef et
2013 avec Jacob. Sur 70 ans, l’auteur tresse la trame de son récit en ne
laissant aucun protagoniste sur le côté de la route. S’il ne donne
évidemment pas tous les backgrounds de ses personnages, Nils Barrrellon
leur donne de la consistance tout au long du récit, en dresse des
portraits honnêtes et pas surjoués. On s’attache rapidement aux
différents protagonistes.
Pour une raison que j’ignore, Nils
Barrellon ne parvient pas à rendre les salauds de son histoire
totalement antipathiques. Et pourtant Dieu sait qu’ils véhiculent des
idées de haine, de rejet, de races, d’identités… autant de sujets aux
relents nauséabonds. Mais s’ils sont des vilains dans l’âme, ils
n’endossent pas pleinement leur rôle. Sans pour autant que l’auteur leur
trouve, bien au contraire, quelques circonstances atténuantes que ce
soit, mais les passages qui leurs sont consacrés ne suintent pas le
dégoût comme cela aurait pu (aurait du ?) être le cas. Ce sera mon seul
petit bémol.
C’est aussi et enfin un livre sur la
perte de l’innocence. Celle d’un jeune homme et de sa grand-mère à
quelques décennies d’intervalle…
Point donc de fol suspens ici, mais un
récit prenant de par son thème, de par l’écriture de Nils Barrellon même
si, à titre personnel, j’ai une préférence pour son précédent livre…
« La lettre et le peigne » se lit comme un témoignage de la persévérance
dans le temps des thèses racistes qui ont amenées Hitler au pouvoir et
dont la parole porte encore aujourd’hui les mêmes idées haut et fort.
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