mercredi 9 novembre 2016

Une chronique d'Archibald Ploom pour...



Le talent n’attend pas toujours le nombre des années, c’est le cas avec Nils Barrellon qui, après nous avoir proposé un très convaincant  Le jeu de l’assassin”,  se projette avec talent dans un polar historique s’inscrivant dans une chronologie de près de 70 ans laissant courir ses racines dans une Allemagne gangrenée par le nazisme.  Le récit nous fait voyager entre l’Allemagne et la France, de Berlin à Francfort et de Paris à Rennes.  L’écrivain distille des éléments d’intrigue tout au long de sa narration , plaçant ici et là des jalons qui permettront au lecteur de découvrir progressivement  les ressorts de l’intrigue. 
   Le pari historique est toujours risqué pour un auteur de polar, chronologie instable,  confusion des évènements,  minceur de l’intrigue face à la puissance de l’histoire, sont autant de chausse-trappes dans lequels un roman noir peut rapidement sombrer corps et biens. Mais Nils Barrellon se joue  de ces embouches avec une facilité de vieux briscard. 
   Tout commence en avril 1945 dans un Berlin dévasté à quelques jours de la capitulation nazie.  Seule le coeur de la ville résiste encore aux troupes russes qui ont totalement envahi la ville et Anna Schmidt  erre dans la ville à la recherche d’un abri. Les intentions des soviétiques ne sont guère pacifique et la vertu des femmes ne pèse pas grand chose face à ces hordes de guerriers déchainés. Le balancier de l’histoire est passé du côté russe et les femmes allemandes ne vont pas tarder à payer un lourd tribu  à l’envahisseur.
   Quelques années plus tard Anna confiera à son cousin Heinrich une lettre dont nous ignorons tout du contenu et qu’elle lui demande de remettre à son fils Josef – encore très jeune à l’époque - si un jour ce dernier se sentait en danger.  C’est là l’une des forces du roman, Nils Barrelon se joue du temps avec une incroyable facilité, nous transportant ensuite en 2012 quand le petit fils d’Anna , Jacob fils de Josef, est violemment agressé en sortant d’un club de Franfort dans lequel il vient de se produire en tant que guitariste de jazz.  Le capitaine Anke Hoffer qui travaille sur une autre affaire est pourtant très intrigué par le récit de Jacob qui se sent traqué depuis plusieurs mois.  Où cette fameuse lettre remonte à la surface que Jacob va vouloir absolument retrouver tout simplement  parce qu’il s’agit peut-être tout simplement du prix de sa vie…
    Grande et petit histoire, secret de famille, néonazisme, Barrellon explore tous les possibles du genre avec une efficacité redoutable. On se laisse porter par ce thriller aux entrées multiples où chaque porte se referme sur les doigts du lecteurs avec fracas. Toute l’intelligence du propos tient justement à l’exploration sans concession des épisodes les plus sombres de l’histoire européenne du XXeme siècle quand les petits enfants doivent sonder l’insconscient refoulé de leurs grands parents…  

Archibald PLOOM

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