..pour son blog Les lectures de l'Oncle Paul
L'arrestation programmée de Bogdan Milanković, un Serbe de quarante-six ans qui a participé en 1995 aux côtés de Ratko Mladić aux massacres de Srebenika, est plutôt houleuse.
Il était recherché par les Stups mais également par la Criminelle suite à
l'égorgement d'un petit malfrat qui aurait voulu le doubler. Le
commissaire Nils Kuhn dirige la manœuvre, accompagné de Jérémy Lefort,
un Seino-dionysien ancré dans sa banlieue du 9.3, parler y compris,
Alain, l'encyclopédie ambulante, et quelques autres dont d'Anissa, une
jeune stagiaire qui en veut.
L'arrestation se passe relativement bien, à part Anissa qui écope d'une balle. Une balle qui n'a pas été perdue.
Cette
affaire réglée, Anissa à l'hôpital se remettant tout doucement de sa
frayeur et de sa plaie, Nils Kuhn a droit à quelques jours de vacances
et il entend bien en profiter avec son garçon, qui vit avec sa mère.
Quelques jours à Marrakech, hors vacances scolaires comme ça ils ne sont
pas embêtés par les criaillements de gamins turbulents, et il faut
pense à rentrer. La belle vie cela ne dure guère. La preuve, à peine
arrivés à Orly, alors qu'ils attendent les bagages qui font des tours de
piste gratuits, Nils Kuhn est importuné par son téléphone.
Une
main a été retrouvée dans l'auge aux cochons. Mais pas n'importe quels
cochons. Ceux du Jardin des Plantes, des cochons rares d'origine
diverses qui ont été offerts par des personnalités étrangères à de hauts
personnages français. Et bien entendu, lorsque Nils veut savoir où sont
passés les autres morceaux qui étaient primitivement accrochés à cette
main orpheline, le directeur du parc pousse les hauts cris. Pourtant il
va bien falloir qu'il accepte la décision. Les cochons vont être abattus
afin de pouvoir leur pratiquer une autopsie et rechercher des morceaux
non encore digérés, des bouts d'os, des mâchoires avec dents incluses.
Et
après, lorsque ces morceaux ont été retrouvés, au grand soulagement de
Nils Kuhn car si rien n'était caché dans l'estomac des porcs, il est
évident qu'il aurait exigé une boucherie pour rien et que le procureur
ne l'aurait pas digérée, donc lorsque les restes sont mis à jour, il
faut comprendre le pourquoi de cette farce macabre. Le corps devait
disparaître, c'est un fait, mais en quoi cette personne gênait et qui,
c'est ce qui reste à définir.
Des
lacunes s'avèrent préjudiciables, le directeur passant par une société
privée de gardiennage, et or ce soir-là justement le gardien était
absent et non remplacé. Les économies de bouts de chandelle sont
prioritaires comme partout. L'une des premières vérifications à
effectuer, est bien sûr de visionner les enregistrements vidéos
nocturnes afin d'éventuellement procéder à une identification
d'individus étant entrés par effraction ou non dans le parc. Deux
silhouettes sont repérées lors du visionnage, trop floues pour obtenir
une description précise.
Toutefois,
quelques témoignages recueillis dans le voisinage et surtout celui
d'une femme, qui maîtrise mal le Français, et qui donne rendez-vous au
commissaire dans un café du XVIIIe arrondissement parisien
vont quelque peu décanter l'enquête. Nils Kuhn s'y rend, accompagné de
ses adjoints disséminés un peu partout, et attend la venue de cette
précieuse informatrice. L'échange verbal est assez compliqué,
heureusement N'Guyen est au bout du fil et tente de décrypter les
paroles de cette apeurée à l'aide d'un ordinateur-traducteur de slovène.
Un motard, casqué comme il se doit, entre dans le bistrot et tire sur
la jeune femme. La piste s'effondre avec la mort de ce témoin mais tout
n'est pas perdu.
Des
ors d'une ambassade aux bas-fonds parisiens, Nils Kuhn enquête, et
parfois le danger le guette dans les escaliers. Heureusement Anissa est
là pour le tirer d'un mauvais pas. Comme quoi il faut savoir désobéir
aux ordres d'un patron paternaliste.
Malgré
une narration humoristique, surtout dans la première partie de cette
histoire, ce nouveau roman de Nils Barrellon plonge le lecteur dans
l'enfer de la prostitution exercée à l'encontre de jeunes femmes
Slovènes, Serbes ou Croates. Des jeunes filles ou femmes, désemparées,
qui pensent trouver du travail et la liberté en quittant leur pays,
subjuguées par les belles paroles de bellâtres esclavagistes.
L'enquête
de Nils Kuhn est ardue et périlleuse, et les premiers chapitres mettant
en scène Bogdan Milanković ne sont pas pour donner un peu plus de poids
au volume, mais s'intègrent dans le récit. Quant au séjour au Maroc,
faut bien que jeunesse s'amuse.
Un
roman habilement construit, qui ne manque ni d'actions, ni d'humanisme.
Et Nils Kuhn et ses hommes, sans oublier Anissa bien sûr, sont
sympathiques et complémentaires. Seul Jérémy Lefort est quelque peu
énervant avec son parler en verlan.
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