lundi 13 juin 2022

La chronique de la Terre en colère par Rouchdi...

 ...pour Reporters


Cette année, l’œuvre de fiction policière phare mettant en vedette l’éco-terrorisme comme point focal majeur est incontestablement le roman noir de Nils Barrelon, « La terre en colère », dans lequel un groupe d’écologistes s’attaquent aux dirigeants des entreprises les plus polluantes de la planète.


En effet, Nils Barrelon revient en 2022 avec un nouveau polar aux allures de manifeste écologique. Un roman noir choc sur l’éco-terrorisme. Le thème en lui-même n’est pas nouveau. L’éco-terrorisme est un thème que l’on retrouve depuis longtemps dans les romans noirs. Mais aujourd’hui, les enjeux écologiques offrent des thèmes encore plus puissants aux auteurs de fiction.


Roman noir sur fond de djihad vert
L’intrigue est bien menée, développant le mystère au fil des pages et dévoilant les clés de l’intrigue au compte-goutte, de façon à conserver une part de surprise jusqu’à la toute fin. Des chapitres brefs histoire d’accentuer un peu plus l’urgence de la situation.
J’ai aimé l’histoire, j’ai aimé les personnages, tous aussi crédibles les uns que les autres. La fin est totalement inattendue et se déroule sur quelques pages comme si l’auteur était pressée d’en finir. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, légère et reposante après quelques livres nécessitant davantage de réflexion.
Un agréable moment de lecture passé en la compagnie de Bonfils, dont j’ai envie de suivre d’autres aventures.



vendredi 10 juin 2022

La chronique de la Terre en colère par Nadine pour...

 ...pour Encres Vagabondes



Un cadavre est pendu au-dessus du boulevard périphérique. Le commissaire Bonfils, dépêché sur les lieux, croise le sourire ambigu d’un témoin. Quand il veut s’en approcher pour l’interroger, l’homme prend la fuite. Cette attitude incite le commissaire à le poursuivre dans ce décor insolite. Mais la course poursuite, quoique vertigineuse, se termine par un knock-out, le poing du fuyard n’est pas tendre.

 C’est ainsi que débute l’affaire du Djihad Vert. Une vidéo, diffusée peu après, revendique ce crime. Une association écologiste "La Terre en colère" en est l’auteur. Elle a visé un dirigeant d’un groupe industriel qui, pour exploiter le bois, détruit les forêts tropicales : cent mille hectares en République Démocratique du Congo.  Elle rappelle que l’urgence est à la décroissance mondiale « et cela passera par l’élimination de ceux qui s’y opposent. Industriels véreux, politiques corrompus, banquiers assoiffés de profits quelles qu’en soient les conséquences pour notre planète, tremblez ! En refusant de comprendre, vous devenez notre cible. Djihad Vert ! »

Perquisition dans le local de l’association La Terre en colère ; les deux plantons de service donnent une première piste qui mène à l’identité de l’auteur de la vidéo : Benoît Cachan, un ancien militant qui trouvait que l’association était trop molle, qu’il fallait agir davantage.

Perquisition aux domiciles de tous les Benoît Cachan de la région. Celui qui vit à Arcueil est le bon (Clin d’œil aux usagers du RER B). Il est absent mais sa mère fait entrer la police et le commissaire découvre, bien planqués, un ordinateur et une pochette pleine de tracts vegan et d’articles de journaux concernant des actions coup de poing de groupes écologistes.

Une fois les téléphones sur écoute, le commissaire peut suivre les conversations entre Benoît et sa mère. Benoît a rejoint une planque que les flics ont pu géo localiser en Auvergne et ils s’y rendent.

Un capitaine de gendarmerie les accompagne jusqu’à « la ferme des branleurs », comme il dit.

Douze jeunes, femmes et hommes, sont présents dans la ferme. Benoît Cachan n’est pas présent ni le treizième qui est allé chercher des clopes. Mais en quittant la ferme, une surprise attend les policiers.

Un deuxième pendu suivra, puis une troisième. Une liste des hommes et femmes à abattre sera publiée de quoi donner des cauchemars à une cinquantaine de gros bonnets, trop pour que la police puisse les protéger tous.

Ce polar est rondement mené et le lecteur ne peut qu’admirer la virtuosité du commissaire Bonfils pour déjouer les plus sordides manipulations dont la grande bourgeoisie est capable. On peut regretter que la piste du Djihad Vert pourtant annoncée (et préparée par le prologue qui montre une opération des Vegan contre les abattoirs de volailles) ne soit pas plus développée par la suite. Les entreprises les plus polluantes ou les moins respectueuses des ressources sur Terre sont bien listées mais aucune enquête n’est menée sur le pouvoir de ces entreprises, la corruption qu’elles entretiennent, leurs liens avec le pouvoir en France et dans les pays où elles pillent les ressources. Il y avait sans doute de belles horreurs à mettre scène…

J’ai apprécié que tous les acronymes utilisés par la police criminelle et les expressions de leur argot privé soient expliqués en bas de page. C’est pratique pour les débutants en littérature policière.

On lit avec plaisir ce polar efficace qui joue avec les codes habituels du genre : le flic érudit qui explique tout, le commissaire amoureux de la médecin légiste, la beurette révoltée… Encore un titre qui vient compléter avec bonheur le riche catalogue de Jigal.