dimanche 29 décembre 2019

Une critique du neutrino par Jean-Michel...

...pour son blog Polar Maniaque


Dissimulé derrière ce titre pour le moins abscons , c'est un polar très étonnant qui vous attend et dans un milieu très particulier , celui des chercheurs de très haut niveau, plus précisément les physiciens qui s'obstinent avec une impressionnante abnégation à naviguer dans l'infiniment petit et à repousser les frontières de notre si étrange univers! 
Tout d'abord le lieu, le CERN ou accélérateur de particules, sis à la frontière suisse, l'univers si bizarre de la recherche, comme recroquevillé sur lui-même, l'intrigue arachnéenne et qui oscille entre les débuts du xxème siècle correspondant aux balbutiements de la physique moderne et notre époque actuelle, marquée à la fois par le gigantisme et l'accélération des découvertes! Alors quand le cadavre de Sabrina Marco , chercheuse réputée , est découvert aux abords du CERN , c'est la stupéfaction et les flics français Boudier et Neaume , flanqué par nécessité de l'inspecteur suisse Zellwegger comprennent très vite qu'il ne sera pas facile de pénétrer le milieu très hermétique de ces physiciens taiseux ! Je vous laisse deviner qui était Majorana et qu'est-ce qu'un neutrino car ce serait franchement vous mâcher la besogne que de vous le divulguer! 
Très étonnant opus , qui ne ressemble à aucun autre et c'est sa grande force! 
A vous ingurgiter d'équations , ne vous inquiétez pas , vous allez nécessairement trouver l'inconnu ! Et une chose est certaine , vous sortirez de cette lecture beaucoup plus cultivé, c'est pétri d'infos et moi qui suis un littéraire pur , je me sens nettement plus intelligent qu'en entamant la première page, donc quand certains persistent à dire que le polar , c'est de la "sous-littérature" , permettez-moi d'en rire!! Quant aux controverses ( pires que celle de Valladolid , c'est dire!) entre les théoriciens et les expérimentateurs, c'est tout l'objet du débat !

vendredi 20 décembre 2019

Une critique enthousiaste du neutrino par Bruno...

...pour Whoozone


Après « La lettre et le peigne »(Jigal Polar, 2016) que j'avais chroniqué lors de sa sortie et qui avait été pour moi une vraie découverte avec la façon particulière de Nils Barrellon, son auteur, de mener son récit en mêlant petite et grande histoire (celle dite, avec un grand « H »), le romancier nous propose cette fois, avec « Le Neutrino de Majorana », un opus avec un titre mystérieux et complexe, toujours chez Jigal. « Le Neutrino de Majorana » propose un récit original qui se déroule en deux époques. Le côté « Neutrino » de l’affaire me dit qu’on va parler science. Ce qui est le cas avec le personnage d’Ettore Majorana, un jeune savant de la trempe d'Einstein, ayant vécu au début du siècle, ainsi qu’avec le CERN, un centre de recherche sur l'accélération des particules à la pointe de cette technologie. On découvre le cadavre d'une femme, son corps à cheval sur la frontière franco-suisse. Drôle et inédit, voilà une équation pas mathématique celle-là, que gendarmerie française et police suisse vont devoir résoudre. Le lieutenant Loïc Boudier flanqué de l'adjudant Neaume au langage très fleuri sont chargés de l'affaire. Ils vont devoir se coltiner l'inspecteur principal suisse Mark Zellweger pour une collaboration franco-suisse imposée par les hiérarchies. Kangoo de la gendarmerie contre Audi flambante neuve du suisse, un monde entre les deux pays.....et beaucoup de sourires pour le lecteur avec les manies des uns et des autres. Attelage surprenant de nos gendarmes confrontés à la rigueur et discrétion suisse, c'est quelquefois très drôle. « Le Neutrino de Majorana » est un roman passionnant parce que l'auteur une fois de plus mêle habilement les genres et croise les époques. Meurtre énigmatique avec une enquête de nos jours qui n'avance pas, et vie d'un jeune étudiant au début du siècle, Ettore Majorana, dont le parcours singulier est des plus intéressants. Un fin cocktail proposé par Nils Barrellon avec un propos scientifique qu'il tente de vulgariser auprès du commun des mortels. L'auteur nous explique la découverte de la matière, et en filigrane il décrypte l'histoire du siècle dernier à travers ses personnages, tout en nous proposant également le mystère de l'assassinat de Sabrina Marco, chercheuse au CERN, ce prestigieux laboratoire de recherches. Pendant un bon moment, on se demande quel est le cheminement de l'intrigue, pourquoi ces deux époques, ces deux histoires, avant que l'on commence à comprendre, pour ma part assez tôt d'ailleurs. L'auteur n'est pas manchot quand il s'agit de mêler les genres et d'embrouiller le chaland. A partir d'un personnage très romanesque et ayant vraiment existé, il invente une intrigue, fictive celle-là. C'est habilement mené avec des dates et faits vérifiables pour le coté scientifique, et une enquête plutôt réaliste qui met en lumière les difficultés de collaboration entre les polices de différents pays. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris quand on parle de l'infiniment petit, votre serviteur étant clairement un littéraire, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver la plume et l'univers de Nils Barrelon. C'est un roman et une écriture qui change de ce qu'on a l'habitude de lire, alors laissez-vous emporter par ce scénario qui tient la route et plongez avec Nils Barrellon dans le monde de l'infiniment petit.

samedi 14 décembre 2019

Une critique très complète du neutrino ...

pour le blog Quatre sans Quatre

Le lieutenant de gendarmerie Loïc Boudier et son adjoint, l'adjudant Neaume, sont prêts à trafiquer légèrement une scène de crime afin de simplifier le casse-tête qui se pose à eux. Le cadavre de femme, qui a été découvert au petit matin par l'employé d'un complexe sportif, repose exactement de part et d'autre de la frontière franco-suisse, et il serait d'usage de partager l'enquête avec la police helvète, ce dont ils se passeraient bien. Manque de chance, ils n'en ont pas le temps, un inspecteur de la police genevoise, Zellweger, apparaît, mis au courant par le directeur du complexe. Chacun essaie de tirer la couverture à soi, puis on parvient à un accord de travail en équipe. Qui ne sera pas respecté, évidemment... La victime, Sabrina Marco, est une physicienne, une brillante expérimentatrice du CERN, le célèbre collisionneur de particules, construit sous la frontière, situé à cheval sous les deux pays. Trois flics, trois personnalités très différentes, Français et Suisses ne comptent en réalité pas vraiment mettre en commun l'ensemble de leurs trouvailles, chaque service espère bien résoudre l'affaire seul et en tirer les lauriers. Boudier est fragile psychologiquement, handicapé par des sautes d'humeur et des crises d'angoisse qui le paralysent, mais se révèle être un enquêteur de premier plan, Neaume, grande gueule ne prend pas grand-chose au sérieux, ou, du moins, le laisse-t-il penser par son attitude, Zellweger, discret, mais efficace, compile les renseignements et sait progresser en silence par de judicieuses déductions. Ce crime est l'occasion de visiter le colossal collisionneur, les entrailles du CERN, puisque les policiers vont devoir interroger tous les collègues de la scientifique, se pencher sur ses travaux et sa vie privée. Celle-ci se révèle être réduite à la portion congrue. Née en Argentine, Sabrina Marco ne possède pas de famille en France, pas de mari, de compagnon, de liaison connue. Ses travaux, bien qu'importants, ne peuvent, a priori, constituer un motif d'assassinat, le mobile manque cruellement afin d'orienter les recherches et la hiérarchie s'impatiente... Parallèlement, Nils Barrellon raconte la vie d'Ettore Majorana, un physicien italien de génie, né en 1906 à Catane et disparu mystérieusement en 1938. Ce personnage, tout à fait réel, fut un des plus brillants esprits de la première moitié du vingtième siècle. Ses intuitions et ses calculs révolutionnèrent pendant de longues années la physique des particules et sont encore pour beaucoup utilisés aujourd'hui. Majorana travaille tout d'abord dans l'ombre de Fermi, puis part à Leipzig, ensuite à Copenhague. Il collabore avec les plus grands physiciens du moment : Heisenberg, Niels Bohr, Georges Placzek, les stupéfie par ses éclairs de génie. Malheureusement, en avance sur son temps, il fut peu compris à son époque, de plus Majorana était d'une nature réservée et ne cherchait que peu la lumière des projecteurs. À cette réalité historique, l'auteur mêle une intrigue amoureuse avec la superbe Emilia, une étudiante qui le séduit autant par sa beauté que par ses capacités d'analyse. Idylle secrète, séparations contraintes par les travaux d'Ettore, la situation politique terrible de la fin des années trente, tout concourt à des amours contrariées, voire tragiques... Vous vous doutez bien qu'il n'y a pas deux romans en un, que la biographie enjolivée de Majorana et l'enquête sur le meurtre de Sabrina Franco se rejoignent. Une évidence. Nils Barrellon a su y mettre la manière, d'abord parce que son histoire de la physique des particules est passionnante et très instructive, ensuite parce qu'il a très habilement su intégrer fiction et réalité historique afin de donner une vraie crédibilité à son intrigue policière. Les deux fils du roman se suivent avec autant d'intérêt. Le lecteur se surprend à anticiper la conclusion, qui n'est pas d'une difficulté majeure, même si on n'en perçoit pas aisément tous les aspects. La construction du récit est une réussite ; les personnages, particulièrement ceux de la partie historique, ma préférée, ont une vraie épaisseur. Perdu dans ses équations quantiques, Majorana ne perçoit pas les terribles événements se déroulant autour de lui, aussi bien en Allemagne qu'en Italie. Pire, il les approuve même d'une certaine manière en louant l'efficacité allemande et le calme revenu dans les rues alors que la chasse aux citoyens juifs est déjà lancée. L'imagination de l'auteur a le grand mérite de donner une belle solution à l'énigmatique disparition du scientifique de génie. L'enquête au sein du CERN n'est pas à dédaigner, il s'y déroule des rebondissements surprenants et les diverses personnalités des policiers animent fort agréablement les investigations. Un très bon polar, mêlant fiction et réalité, dans le temple de la physique nucléaire, original et solidement documenté. Une intrigue policière subtilement traitée et un mystère historique résolu de belle manière.

vendredi 13 décembre 2019

Critique du neutrino...

...par Emmanuel Fleury pour Journal de lecture


Comment Nils Barrellon a-t-il réussi à lier un meurtre concernant le Cern à Ettore Majorana, physicien disparu dans les années 1950? Polar scientifique, mais aussi historique, puisque l’histoire de Majorana relie le tout (spoiler !). Le neutrino de Majorana est un très bon roman policier. L’enquête y est bien menée et développée; les personnages ont de l’épaisseur et l’auteur sait faire monter le suspense et l’intérêt autour du meurtre de cette scientifique. Nils Barrellon tisse un beau réseau de fils qu’il n’a entremêler que pour piéger le lecteur.