...pour Reporters
lundi 13 juin 2022
La chronique de la Terre en colère par Rouchdi...
vendredi 10 juin 2022
La chronique de la Terre en colère par Nadine pour...
...pour Encres Vagabondes
Un cadavre est pendu au-dessus du boulevard périphérique. Le commissaire Bonfils, dépêché sur les lieux, croise le sourire ambigu d’un témoin. Quand il veut s’en approcher pour l’interroger, l’homme prend la fuite. Cette attitude incite le commissaire à le poursuivre dans ce décor insolite. Mais la course poursuite, quoique vertigineuse, se termine par un knock-out, le poing du fuyard n’est pas tendre.
C’est ainsi que débute l’affaire du Djihad Vert. Une vidéo, diffusée peu après, revendique ce crime. Une association écologiste "La Terre en colère" en est l’auteur. Elle a visé un dirigeant d’un groupe industriel qui, pour exploiter le bois, détruit les forêts tropicales : cent mille hectares en République Démocratique du Congo. Elle rappelle que l’urgence est à la décroissance mondiale « et cela passera par l’élimination de ceux qui s’y opposent. Industriels véreux, politiques corrompus, banquiers assoiffés de profits quelles qu’en soient les conséquences pour notre planète, tremblez ! En refusant de comprendre, vous devenez notre cible. Djihad Vert ! »
Perquisition dans le local de l’association La Terre en colère ; les deux plantons de service donnent une première piste qui mène à l’identité de l’auteur de la vidéo : Benoît Cachan, un ancien militant qui trouvait que l’association était trop molle, qu’il fallait agir davantage.
Perquisition aux domiciles de tous les Benoît Cachan de la région. Celui qui vit à Arcueil est le bon (Clin d’œil aux usagers du RER B). Il est absent mais sa mère fait entrer la police et le commissaire découvre, bien planqués, un ordinateur et une pochette pleine de tracts vegan et d’articles de journaux concernant des actions coup de poing de groupes écologistes.
Une fois les téléphones sur écoute, le commissaire peut suivre les conversations entre Benoît et sa mère. Benoît a rejoint une planque que les flics ont pu géo localiser en Auvergne et ils s’y rendent.
Un capitaine de gendarmerie les accompagne jusqu’à « la ferme des branleurs », comme il dit.
Douze jeunes, femmes et hommes, sont présents dans la ferme. Benoît Cachan n’est pas présent ni le treizième qui est allé chercher des clopes. Mais en quittant la ferme, une surprise attend les policiers.
Un deuxième pendu suivra, puis une troisième. Une liste des hommes et femmes à abattre sera publiée de quoi donner des cauchemars à une cinquantaine de gros bonnets, trop pour que la police puisse les protéger tous.
Ce polar est rondement mené et le lecteur ne peut qu’admirer la virtuosité du commissaire Bonfils pour déjouer les plus sordides manipulations dont la grande bourgeoisie est capable. On peut regretter que la piste du Djihad Vert pourtant annoncée (et préparée par le prologue qui montre une opération des Vegan contre les abattoirs de volailles) ne soit pas plus développée par la suite. Les entreprises les plus polluantes ou les moins respectueuses des ressources sur Terre sont bien listées mais aucune enquête n’est menée sur le pouvoir de ces entreprises, la corruption qu’elles entretiennent, leurs liens avec le pouvoir en France et dans les pays où elles pillent les ressources. Il y avait sans doute de belles horreurs à mettre scène…
J’ai apprécié que tous les acronymes utilisés par la police criminelle et les expressions de leur argot privé soient expliqués en bas de page. C’est pratique pour les débutants en littérature policière.
On lit avec plaisir ce polar efficace qui joue avec les codes habituels du genre : le flic érudit qui explique tout, le commissaire amoureux de la médecin légiste, la beurette révoltée… Encore un titre qui vient compléter avec bonheur le riche catalogue de Jigal.
jeudi 9 juin 2022
La critique de La Terre en colère par Sylvain...
...pour Boojum
De l’enseignement au polar
Professeur de sciences physiques, Nils Barrellon sort son premier roman, Le jeu de l’assassin, qui se retrouvera finaliste pour le prix Quai des orfèvres. Il créée un personnage récurrent, le commissaire Kuhn qu’on retrouve dans La fille qui en savait trop, La position des tireurs couchés (le titre est certainement un hommage à Manchette) et La lettre et le peigne, ce dernier aux éditions Jigal. Pour ce dernier éditeur, il signe en 2019 Le Neutrino de Majorana et en 2021 Vol AF747 pour Tokyo. Cette année, il nous donne La terre en colère avec un nouveau personnage de flic : tout un programme !
Terrorisme écologique, vraiment ?
« – Ah ! Commissaire Bonfils ! Belle journée, non ?
Monsieur Merle, mon voisin, a enfilé son gilet orange à bandes réfléchissantes. Il s’apprête à faire son tour de vélo quotidien, celui qui lui assure cette santé de fer malgré ses quatre-vingts ans passés. Je lève le nez et constate qu’il ne ment pas. Le ciel est bleu, plus bleu que les yeux de Michèle Morgan. »
Il faut beau en cet automne 2018 mais Paris est secoué par une série d’assassinats de cadres et de dirigeants de grandes entreprises, bientôt revendiqués par un groupe dénommé Djihad Vert. Le commissaire Bonfils met ses équipes sur le sujet, à l’affût du moindre indice déniché sur les scènes de crime. L’enquête transporte Bonfils aux quatre coins de la France dans les communautés véganes. Un suspect est trouvé, un complice aussi… mais les voici assassinés rapidement. Et s’ils étaient les pions d’un crime tellement plus ordinaire ?
Un polar bien troussé
La terre en colère est un roman issu du monde d’aujourd’hui tel qu’il est. Et si des écologistes radicaux pétaient les plombs en ces temps de réchauffement climatique accéléré ? On a déjà lu sur le sujet Green Man (les arènes, 2021). Ici, l’affaire cache une histoire au final assez classique (et sordide). Le lecteur marche car l’auteur a su ménager ses effets. On prend aussi plaisir à avancer en même temps que l’équipe de Bonfils dans les méandres de l’enquête. La terre en colère permet de passer un bon moment, c’est beaucoup.
Sylvain Bonnet