J’ai rencontré Maud Mayeras ce
week-end au salon Livre en poche de Saint Maur (je n'avais pas osé l'aborder à Limoges où nous étions pourtant pas loin l'un de l'autre, le verre à l'Archange sera pour l'année prochaine). Je rêve de participer à ce
salon organisé par le « grand » Gerard Collard mais, comme son nom
l’indique, il faut être édité en poche. Pour l’instant, les poches, j’y mets
mes mains, je les déplore sous mes yeux par moment ou j’y associe un tronc
certains samedis soirs mais pas d’édition poche à venir du Jeu de l’Assassin...
Donc...

Mais revenons à Maud Mayeras. Elle
faisait partie des auteurs (avec Claire Favan, Jacques Saussey, Hervé Jourdain
et Olivier Gay) qui m’ont poussé à prendre mon petit scooter orange pour venir
jusqu’à Saint Maur ce week-end. En effet, je voulais, les vacances commençant,
faire le plein des œuvres des « collègues » pour y puiser de
l’inspiration, du style, des tournures, pour pomper quoi ! C’est ce que
j’ai dit à Claire qui a un peu paniqué à l’idée que je le fasse vraiment (voir
sa dédicace ci-contre. Ne t’inquiète pas Claire, c’était juste une façon de
parler, je ne piquerai rien, promis !)

En revanche, cela n’a pas effrayé
Maud qui a même ajouté en parlant d’Hématome : « Tu peux y aller, de
toutes les façons, ce roman c’est de la merde ! » Autant dire que je
l’ai trouvée charmante... J’ai souvent tendance à dire que Le Jeu de l’Assassin
n’est qu’un bête roman de plage mais je ne pousse pas le vice jusqu’à affirmer
que c’est de la merde (un lecteur s’en est chargé dernièrement). Mais après
tout, quoi de mieux qu’une petite provoc’ pour inciter à se faire son propre
jugement : j’avais vraiment envie de le lire et je l’ai donc lu. Vite...
Comme je lui ai promis de lui donner mon avis, le voici :

De la merde ? C’est un peu
mieux quand même. Je n’ai pas poussé la conversation plus avant avec Maud pour
savoir ce qu’elle entendait par caca boudin : l’intrigue ou le
style ? Le fond ou la forme ? Les deux ? Pour ma part, j’ai
apprécié le style que j’ai trouvé frais. Juvénile presque (ce qui confirmerait
ce qu’elle m’a affirmé : « je l’ai écrit à 22 ans, ça a marché mais
c’est de la merde ! »). Il est là toujours, ce style. Et ça, c'est la classe. Ce n'est pas parce qu'on écrit du polar qu'il faut se contenter du verbe-sujet-complément.
L’utilisation du Je n’est pas pour me
déplaire (ceux qui ont lu mon caca à moi le comprendront aisément). Ce pronom
requiert une habileté scénaristique intéressante car un seul point de vue est
possible et pour le coup, Maud s’en sort hyper bien. On est dans la peau d’Emma
qui se réveille après un viol particulièrement atroce (ils le sont tous ceci
étant) puisque orchestré avec un, tenez-vous bien, crochet de boucher ! On
a mal avec elle. On suit le lent cheminement qui s’opère dans son cerveau
fatigué pour tenter de recouvrer la mémoire. Car, vous l’aurez compris, elle
l’a perdue. Sa mémoire. Elle va la retrouver, petit bout par petit bout, une
réminiscence en amenant une autre.
Et c’est là que je suis moins
enthousiaste. Combien de films, de livres sur ce même sujet ? Trame narrative
déjà vue, déjà lue. D’autre part, mais c’est mon avis et uniquement mon avis
–il vaut ce qu’il vaut, c’est à dire pas grand chose mais perso, je le trouve
toujours juste et sensé- l’histoire inventée par Maud est trop énorme à mon
goût pour que je puisse y croire (à l'instar du jeu de mot contenu dans son titre je trouve). Mais c’est vraiment perso, je suis plus
sensible à une littérature réaliste. Chacun son truc.

Pour finir toutefois cette critique
sur une note positive, j’ai lu le bouquin en 2 jours. D’aucuns diront donc que
je l’ai dévoré. Et ce n’est pas loin d’être ça. Le style sûrement, qui existe
(et c’est très important). Or, un bouquin qu’on dévore, ne peut pas être si
mauvais que ça ! Enfin, Maud a réussi à me donner envie de lire son
deuxième opus (Reflex) qu’elle affirmer assumer à 100% celui-là !
Voilou. J’espère que Maud ne
prendra pas ce billet pour une déclaration de guerre. Petit un parce que je l’ai voulu le plus
sincère possible et que, ne l’oublions pas, il ne reflète que mon goût. Petit deux, parce que, et ça ses livres n'y changeront rien, Maud est super sympa !
Cette chronique l’incitera peut-être à lire le Jeu de l’Assassin pour le détruire au
détour d’une critique vengeresse... Froide bien sûr !