jeudi 9 juin 2022

La critique de La Terre en colère par Sylvain...

 ...pour Boojum



De l’enseignement au polar

Professeur de sciences physiques, Nils Barrellon sort son premier roman, Le jeu de l’assassin, qui se retrouvera finaliste pour le prix Quai des orfèvres. Il créée un personnage récurrent, le commissaire Kuhn qu’on retrouve dans La fille qui en savait trop, La position des tireurs couchés (le titre est certainement un hommage à Manchette) et La lettre et le peigne, ce dernier aux éditions Jigal. Pour ce dernier éditeur, il signe en 2019 Le Neutrino de Majorana et en 2021 Vol AF747 pour Tokyo. Cette année, il nous donne La terre en colère avec un nouveau personnage de flic : tout un programme !

Terrorisme écologique, vraiment ?

« – Ah ! Commissaire Bonfils ! Belle journée, non ?

Monsieur Merle, mon voisin, a enfilé son gilet orange à bandes réfléchissantes. Il s’apprête à faire son tour de vélo quotidien, celui qui lui assure cette santé de fer malgré ses quatre-vingts ans passés. Je lève le nez et constate qu’il ne ment pas. Le ciel est bleu, plus bleu que les yeux de Michèle Morgan. »


Il faut beau en cet automne 2018 mais Paris est secoué par une série d’assassinats de cadres et de dirigeants de grandes entreprises, bientôt revendiqués par un groupe dénommé Djihad Vert. Le commissaire Bonfils met ses équipes sur le sujet, à l’affût du moindre indice déniché sur les scènes de crime. L’enquête transporte Bonfils aux quatre coins de la France dans les communautés véganes. Un suspect est trouvé, un complice aussi… mais les voici assassinés rapidement. Et s’ils étaient les pions d’un crime tellement plus ordinaire ?

Un polar bien troussé

La terre en colère est un roman issu du monde d’aujourd’hui tel qu’il est. Et si des écologistes radicaux pétaient les plombs en ces temps de réchauffement climatique accéléré ? On a déjà lu sur le sujet Green Man (les arènes, 2021). Ici, l’affaire cache une histoire au final assez classique (et sordide). Le lecteur marche car l’auteur a su ménager ses effets. On prend aussi plaisir à avancer en même temps que l’équipe de Bonfils dans les méandres de l’enquête. La terre en colère permet de passer un bon moment, c’est beaucoup.


Sylvain Bonnet

vendredi 20 mai 2022

Une critique de la Terre en colère par LA...

 ...pour Rayon du Polar


Paris. Porte de Versailles. Un corps, pendu à un pont au-dessus du périphérique, oscille dans le vide ! Le commissaire Bonfils, dépêché sur les lieux, localise un individu au comportement suspect. Il le prend en chasse. Ça court, ça grimpe, ça saute et le commissaire est à terre. Le suspect vient de lui asséner un violent uppercut.

Fin de partie.

L’enquête débute alors qu’un groupe inconnu des services revendique ce meurtre. Et ce groupuscule, au nom explicite de « Djihad Vert », dans un communiqué, prévint les autorités que si rien n’est fait d’autres dirigeants d’entreprises pollueuses subiront le même sort que le pendu du pont de Versailles.

Végans radicaux ? Écologistes nihilistes ? Intégriste du vert déçu par Greenpeace, Extinction Rébellion ou EELV ? L’affaire se présente mal et ceci d’autant plus qu’à la presse qui se déchaîne se joignent les politiques quelque peu énervés.

De courses poursuites en interrogatoires de végans fumeurs de substances illégales, des beaux quartiers aux appartements de militantes de probables avatars du Front de Libération des Animaux, de bourgeoise à des truands, les pistes se multiplient et les impasses s’accumulent jusqu’à ce que l’écran de fumée se déchire et que le sordide explose aux yeux de tous.

Nils Barrellon entraîne le lecteur dans ce nouveau récit avec la même fluidité que, lorsque par le passé, il se frottait à des genres fort différents. Nils Barrellon, auteur de genres multiples, se révèle doté d’un talent qui loin d’être dégradable se révèle renouvelable.