mercredi 16 avril 2014

Un week-end au salon

Week-end dernier fatiguant mais passionnant... Résumé en images !


Et ma journée aux côtés de Jean-Paul Ollivier m'a inspiré la petite nouvelle ci-dessous...


Polo la science avait clairement décidé de changer de braquet. Il dégaina son semi-automatique et, d’un coup sec vers l’arrière, tira la culasse pour faire monter une balle dans la chambre.

- Tu lèves tes paluches haut vers le ciel, intima-t-il.

L’autre s’exécuta. Ce faisant, la bicyclette qu’il maintenant l’instant d’avant, après être restée en équilibre quelques secondes, s’affala de tout son long.

- Putain, c’est pas possible ! s’exclama Polo.
- Mais... Je...
- Ta gueule, sombre con ! Relève-moi ce vélo fissa ou je te colle un pruneau dans chaque genou avant de t’en loger un dans la tête 

L’homme hésita. On pouvait lire  sur son visage les raisons de cette tergiversation aussi sûrement que s’il les avait écrites au feutre noir au milieu de son front : si je ramasse le vélo, je baisse les mains et, si je baisse les mains, elles ne pointent vers le haut alors...

- Magne-toi !

Ce nouvel ordre eut raison de ses états d’âmes. Il redressa la bicyclette.

- Tu sais à qui était ce vélo, tête de nœud ? demanda Polo.
- Euh... non... avoua l’autre qui était fan de football.
- C’est le vélo sur lequel Anquetil a gagné à Chamonix. Regarde les pignons !

Le grand escogriffe baissa les yeux. Il observa la petite roue dentée arrière puis le plateau avant. Rien qui n’éveilla sa curiosité (sous le boisseau de toutes les façons depuis que l’œil noir du 16 millimètres le fixait).

- Tu vois rien !

Comme il n’obtenait aucune réponse, comme il ne décela aucune lueur dans l’œil de son interlocuteur, Polo secoua la tête en soufflant, l’air navré.

- C’est du 42-26. Quarante-deux dents à l’avant. Vingt-six à l’arrière. Un braquet de 3 mètres 45 inusité jusqu’alors. Il fallait ça pour attaque Bahamontes dans l’ascension du col de la Forclaz... Mais c'était interdit de changer de vélo en cours d’étape parce que tu as compris qu’Anquetil n’était pas parti avec ce vélo dans la plaine... T’as compris ?
- Oui, oui, bredouilla l’homme.
- Du coup, après Mantigny, Anquetil a été victime d’une « panne mécanique » (il mima les guillemets à l’aide de son index et de son majeur gauche). En fait, c’est son mécano, Debruckère, qui sectionne son câble de dérailleur pendant que le commissaire de course regarde ailleurs. Il peut alors changer de vélo, il remporte l’étape, prend le maillot jaune et gagne son quatrième tout de France.

Polo marqua une pause et savoura sa dernière phrase. On eut dit un amateur de cigare avec l'ultime bouffée de son module cubain.

- Comme quoi, les interdits faut savoir jouer avec. Tu crois pas ?
- Si, si.
- Mais gaffe à ne pas se faire prendre, ajouta Polo. Toi, t’es trop con pour avoir compris ça. Tu tiens d'Amstrong faut croire... 

Sans sommation mais avec souplesse, il appuya sur la détente et le coup partit. La balle vint de loger au milieu du front de l’homme qui s’effondra. Polo se jeta alors en avant pour retenir le vélo. Il rangea alors son arme dans le holster en cuir de mouton qu’il portait sur le flanc gauche, ramassa le sac de sport rempli de billets verts à l’effigie de Franklin, et sortit du garage en poussant cette petite reine qu’il aimait tant. 

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