mardi 8 juillet 2014

Le tueur intime de Claire Favan

« Je n’ai jamais mis un pied aux Etats-Unis... » Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Claire, dans les remerciements de son thriller, Le tueur intime. Elle demande par ailleurs un peu d’indulgence à son égard pour cette lacune (comblée peut-être à l’heure actuelle, le livre est sorti en 2010). Et bien, pour ma part, je lui accorde bien volontiers : après l’omelette norvégienne, la glace à l’italienne, Claire signe un pur roman « à l’américaine » !
Will Edwards est un serial killer en devenir comme seuls les States semblent pouvoir engendrer. On assiste donc, sur près de 700 pages, à sa naissance puis à son développement. À sa maturation. Et bien évidemment, à sa traque par le profiler du FBI, RJ Scanlon !

Le tueur intime se lit comme on regarde une super production américaine, avec plaisir et jouissance. C’est divertissant. Pas besoin de réfléchir, juste se laisser porter (un peu d’attention est toutefois nécessaire pour ne pas se perdre dans tous les personnages aux patronymes so ricains qu’ils se ressemblent tous – mais on me reproche la même chose dans le Jeu de l’Assassin avec des patronymes « bien français » alors...). Claire Favan décrit les faits et les pensées avec justesse. J’ai apprécié notamment la retenue dans les descriptions des scènes de crime : sans les nommer, on perçoit, on devine les atrocités commises par Will Edwards. Le début du roman, où on assiste à l’éclosion du monstre, m’a fait penser à American Psycho d’un de mes auteurs fétiches, Bret Easton Ellis. Un temps, j'ai vu Pat Batman dans l’ombre de Will Edwards. J'ai cru aussi reconnaître dans RJ le pendant masculin de Clarice Starling  mais...

 
Le tueur intime souffre de ses qualités outre-Atlantique. Le style est efficace mais neutre, quelques longueurs sont à déplorer et, comme pour une super production américaine, on en devine la fin dès le début car  les codes sont les mêmes : le héros ne meurt jamais, le méchant finira par se faire prendre et il y aura sûrement un deuxième épisode (et il y en a eu un, intitulé Le tueur de l’ombre !) 





(Le génie d’Ellis avait été de revisiter le thème du serial killer dans un style ahurissant : violence et sexe ; phrases structurées en une hallucinante logorrhée sous coke. La particularité de Seven, de David Fincher, résidait dans son épilogue particulièrement inventif où le meurtrier poussait le flic à devenir un des siens. Pareil pour The Pledge, au dénouement tout simplement génial. Quant au mythique Silence des Agneaux, il misait sur l’aspect psychologique où, en parallèle de l’enquête sur le terrain suivie par Foster, on entrait dans la tête du tueur grâce à Hopkins qui distillait ses révélations à travers son masque en cuir. )


Claire Favan, qui avoue n’avoir jamais été aux USA, semble avoir puisé son inspiration dans ces différentes sources américaines (et la liste serait à rallonger, entres autres et en vrac, avec Le collectionneur, Copy cat, L’étrangleur de Boston, Jennifer 8, Tueurs nés, Zodiac...) pour en faire une synthèse maligne mais prudente. Elle livre donc un thriller au goût de déjà vu. 

Néanmoins, et c’est bien là le principal, on prend un grand plaisir à le lire. C’est fait pour les vacances. À dévorer avec un grand verre de Coca et une boîte de pop corn à portée de la main !

PS : J'ai rencontré Claire au Salon du livre de poche de Saint Maur où j'ai pu apprécier sa gentillesse et sa simplicité. Elle mérite amplement son succès et me souhaite le même en retour ;-) Ça c'est sympa et j'espère qu'elle ne me tiendra pas rigueur de cette critique (qui a le mérite d'être honnête).

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