vendredi 20 décembre 2019

Une critique enthousiaste du neutrino par Bruno...

...pour Whoozone


Après « La lettre et le peigne »(Jigal Polar, 2016) que j'avais chroniqué lors de sa sortie et qui avait été pour moi une vraie découverte avec la façon particulière de Nils Barrellon, son auteur, de mener son récit en mêlant petite et grande histoire (celle dite, avec un grand « H »), le romancier nous propose cette fois, avec « Le Neutrino de Majorana », un opus avec un titre mystérieux et complexe, toujours chez Jigal. « Le Neutrino de Majorana » propose un récit original qui se déroule en deux époques. Le côté « Neutrino » de l’affaire me dit qu’on va parler science. Ce qui est le cas avec le personnage d’Ettore Majorana, un jeune savant de la trempe d'Einstein, ayant vécu au début du siècle, ainsi qu’avec le CERN, un centre de recherche sur l'accélération des particules à la pointe de cette technologie. On découvre le cadavre d'une femme, son corps à cheval sur la frontière franco-suisse. Drôle et inédit, voilà une équation pas mathématique celle-là, que gendarmerie française et police suisse vont devoir résoudre. Le lieutenant Loïc Boudier flanqué de l'adjudant Neaume au langage très fleuri sont chargés de l'affaire. Ils vont devoir se coltiner l'inspecteur principal suisse Mark Zellweger pour une collaboration franco-suisse imposée par les hiérarchies. Kangoo de la gendarmerie contre Audi flambante neuve du suisse, un monde entre les deux pays.....et beaucoup de sourires pour le lecteur avec les manies des uns et des autres. Attelage surprenant de nos gendarmes confrontés à la rigueur et discrétion suisse, c'est quelquefois très drôle. « Le Neutrino de Majorana » est un roman passionnant parce que l'auteur une fois de plus mêle habilement les genres et croise les époques. Meurtre énigmatique avec une enquête de nos jours qui n'avance pas, et vie d'un jeune étudiant au début du siècle, Ettore Majorana, dont le parcours singulier est des plus intéressants. Un fin cocktail proposé par Nils Barrellon avec un propos scientifique qu'il tente de vulgariser auprès du commun des mortels. L'auteur nous explique la découverte de la matière, et en filigrane il décrypte l'histoire du siècle dernier à travers ses personnages, tout en nous proposant également le mystère de l'assassinat de Sabrina Marco, chercheuse au CERN, ce prestigieux laboratoire de recherches. Pendant un bon moment, on se demande quel est le cheminement de l'intrigue, pourquoi ces deux époques, ces deux histoires, avant que l'on commence à comprendre, pour ma part assez tôt d'ailleurs. L'auteur n'est pas manchot quand il s'agit de mêler les genres et d'embrouiller le chaland. A partir d'un personnage très romanesque et ayant vraiment existé, il invente une intrigue, fictive celle-là. C'est habilement mené avec des dates et faits vérifiables pour le coté scientifique, et une enquête plutôt réaliste qui met en lumière les difficultés de collaboration entre les polices de différents pays. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris quand on parle de l'infiniment petit, votre serviteur étant clairement un littéraire, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver la plume et l'univers de Nils Barrelon. C'est un roman et une écriture qui change de ce qu'on a l'habitude de lire, alors laissez-vous emporter par ce scénario qui tient la route et plongez avec Nils Barrellon dans le monde de l'infiniment petit.

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