vendredi 10 avril 2015

Code 93 d'Olivier Norek

 
Olivier Norek partage avec moi pas mal de points communs (ou l'inverse, je ne sais pas ce qui est le moins prétentieux). Si si... Jugez-en par vous même :

- Il est né en 1975 et fêtera donc ses 40 balais cette année. Comme moi.
- Il n’est pas très grand. Attention ! Je n’ai pas dit petit, non, non, il est moyen. Comme moi.
- Il travaille pour une grande maison du service public, la Police Nationale, tout comme moi qui traîne mes guêtres depuis vingt ans à l’Education Nationale.
- Il adore la série Engrenages. Comme moi.
- Il a été finaliste du prix polar Lens en 2014 et a perdu. Comme moi cette année. En effet, comme moi, il écrit des romans policiers, pas mal troussés, vifs, directs et ancrés dans notre époque.


Évidemment, deux ou trois trucs nous différencient :

- Olivier Norek attaque l’apéro dès que midi se profile (même de loin) tandis que j’attends sagement que la grande aiguille vienne s’aligner verticalement avec la petite. Ses racines polonaises m’a-t-il expliqué.
- Les mômes qu’il se coltine à longueur de journée (un peu moins maintenant qu’il est en dispo) ont souvent plus à se reprocher qu’un exercice de sciences physiques pas fait. Et je vois bien le tableau après cinq années d’enseignement à Villiers-le-Bel où les problèmes « extérieurs » des gamins franchissaient souvent les portes du collège pour s’inviter à l’intérieur !
- Ses cheveux sont bien blancs, les soucis sans doute, quand les miens arborent toujours ce magnifique éclat Terre d’Ombre qui me donne 10 ans de moins et que beaucoup m’envient.
- Non seulement il aime la série Engrenages mais il est en charge de l’écriture de la sixième saison. C’est vous dire si cet homme est important et cela explique l’étrange mais amusante dédicace qu’il a gribouillée écrite sur mon exemplaire !

Bon... Ceci étant dit, et son roman ?

Code 93 est un bon polar. Moderne. Sans fioriture ou pas trop. C’est un roman du XXIème siècle, celui dans lequel on vit, assurément. Le siècle du Grand Paris ;-)

Avec le Capitaine Coste, chef de section à la SDPJ 93, on plonge dans les méandres d’une enquête qui nous (lui) réserve quelques surprises : un géant black au prénom idoine qui, tel Jésus, ressuscite sur la table du médecin légiste, un grand brûlé qui sert de cabine téléphonique ou encore un cadavre vampirisé jusqu’à la moelle. La construction narrative est originale car l’auteur entremêle les chapitres concernant le meurtrier, le Capitaine, l’équipe d’investigation et le journaliste fouille-merde. Non pas que ce procédé soit extraordinaire en soit, c’est même un classique, mais Olivier a mélangé son puzzle d’une façon peu commune, c’est agréable.
Ce n’est pas un thriller, on sait rapidement qui est le coupable mais on suit la lecture avec plaisir pour comprendre le pourquoi du comment. Tout ça sur fond de cités séquanodyonisiennes dans lesquelles le Lieutenant Jérémy Lefort serait comme un piranha dans l’eau (mes lecteurs comprendront).

Perso, j’ai bien aimé :
- le style et les petites pointes d’humour (« Il avait ensuite établi une liste de ses points de chute comme de ses points de shoot ») ;
- les petites citations des personnages à l’entame des parties (il n’est pas impossible que je pique l’idée... Quoique, piquer une idée à un flic n’en est peut-être pas une bonne pour le coup) ;
- les références nombreuses au métier de policier qui apportent un côté documentaire intéressant ;
- les petites références littéraires à demi-cachées. Sartre, Dante et un de mes auteurs préférés, Tolstoï : «  Vous me jugerez certainement cynique mais certaines familles ne semblent écrire leur histoire que dans le malheur. » dit Margaux Soultier page 218. À rapprocher de l’incipit d’Anna Karenine de l’écrivain russe. Mais peut-être me trompé-je ? Olivier, si tu lis ce billet, laisse un comm’ !
Un ensemble convaincant donc qui a propulsé Olivier Norek au rang de nouvelle coqueluche de Gérard Collard pour l’année 2015. Ce n’est pas volé et je ne suis pas jaloux. Au contraire, cela me laisse espérer que, le jour où Gégé tombera sur l’un de mes romans, j’ai des chances de lui plaire !
Bien, je vous laisse maintenant, mon train pour Limoges m’attend... Eh oui ! Lire à Limoges, c’est ce week-end ! Ami(e)s haut-viennois(es), à tout de suite !

3 commentaires:

  1. Cher Nils,
    Vu que j'ai 39 ans et toi 40, ce ne sont pas quelques mois qui nous séparent, mais une décennie, une génération, moi dans la trentaine, toi dans la quarantaine, tu vois bien que cela n'a rien à voir (si on met de côté toute rationalité mathématique, évidemment... fais un effort!).
    Ensuite, peut être j'attaque l'apéro un peu tôt, oui mais moi, j'arrive à l'heure le dimanche sur mon stand, par respect pour le lecteur... le b.a ba de la politesse...
    Tu parles de mes cheveux blancs... que nenni, ils sont argent... comme le surfer du même nom... toi qui, tout dimanche, a porté un vilain tee-shirt Flash (le type qui court vite), tu devrais apprécier.
    Malheureusement, je n'ai que cela en poche pour t'attaquer... toi qui, avec François Xavier Cerniac et Damien, ont rendu ce salon de Limoges si agréable...
    Et merci pour cette déclaration passionnée, cette chronique presque amoureuse, presque incontrôlable, où j'ai senti les mots se battre les uns les autres dans ton cerveau... une déclaration ? que dis-je une envolée, un éloge... j'ai rougi et je me suis senti si gêné en le lisant : "Perso, j'ai bien aimé...". Écoute, c'est trop, je ne m'en remets pas :-) Attends que je lise le tien et moi aussi je m'enflammerai... je vois déjà un bon vieux "ouais, ça se lit" ou encore un "on va jusqu'au bout sans trop de peine"... non attends, j'ai mieux : "Perso, je l'ai terminé sans me crever les yeux"... :-) A très vite Nils !!! Ravi de te connaître un peu mieux maintenant et il me tarde le prochain salon !!!! Amitiés. Olivier. (j'espère qu'on sent bien l'humour du texte, parce que les lecteurs vont penser que je te hais...). Olivier Norek.

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  2. Cher Olivier,
    On voit bien, à la lecture de ton message, l'abîme qui nous sépare...
    Tu postes ta réponse à 11h36. J'imagine que tu t'es levé vers 11h, pipi, verre de jus de fruit (muscadet sur lie) puis, les brumes du sommeil dissipées, tu te décides à laisser ce message pour que ton nom apparaisse sur le blog de la future star de demain (et je sais que tu sauras t'en targuer le moment venu).
    Sache, cher Olivier, qu'à cette heure tardive, j'étais déjà levé depuis des heures. Qu'à cette heure indue, je délivrais mon savoir à cette jeunesse de France qui en est si avide. Car oui, cher Olivier, l'auteur, le vrai auteur, s'attelle à sa tâche, à son devoir d'écriture -car c'en est un) dès potron-minet.
    Bref, pour résumer (je ne suis pas sûr que tu aies compris les phrases ci-dessus) : pendant que tu glandais au pieu, je taffais !
    Cependant, je ne peux nier que tu fus un excellent compagnon de soirée, toujours prêt à se jeter un godet en discutant littérature (et j'ai constaté, sans en être dupe, comme tu jouais avec le niveau sonore de la musique d'ambiance pour que tes propos à ce sujet soient incompréhensibles). Il me tarde pour cela de te recroiser sur un salon prochain mais Olivier, cher Olivier, je t'en prie, ne lis pas mes livres !
    En souvenir de cet agréable salon de Limoges, je t'exhorte à suivre ce conseil (comment pourrais-tu, après m'avoir lu, commettre un nouveau roman sans le trouver d'une médiocrité déconcertante ?)
    Au plaisir de te recroiser sur un salon très vite.
    Nils
    PS : pour mes lecteurs, j'étais légèrement en retard dimanche mais cela se fit bien malgré moi : alors que je partais en direction du chapiteau, Eric Emmanuel Schmidt, qui visiblement attendait devant mon hôtel, insista pour que je lui dédicaçasse plusieurs de mes ouvrages qu'il avait achetés afin de les offrir à sa famille. Je n'eus pas l'outrecuidance de le congédier et signai les 44 livres qu'il avait dans un sac.

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